Ouvrages encore en compétition

Le guetteur
Mais qui guette qui ? Lorsque le narrateur découvre dans l’appartement de sa mère le manuscrit d’un polar qu’elle avait entamé, « Le Guetteur », il est intrigué. Des recensements de cigarettes fumées, les pneus des voitures voisines crevés - comment vivait cette femme fantasque et insaisissable ? Elle qui aimait le frisson, pourquoi s’est-elle coupée du monde ? Elle a vécu à Paris avec pour seul compagnon son chien Chips. Maintenant qu’elle est morte, le mystère autour d’elle s’épaissit. Alors il décide de la prendre en filature. Et de remonter le temps. Est-ce dans ses années d’études à la Sorbonne, en pleine guerre d’Algérie, où l’on tracte et l’on se planque, que la jeune femme militante bascule ? Le Guetteur est le roman bouleversant d’une femme qui s’est perdue. La quête d’un fils qui cherche à retrouver sa mère. La confirmation d’un grand écrivain.

Salutations révolutionnaires
« Carlos apparaît, seul sous la lumière crue, immobile au bout du parloir. Corpulent, carré, il m’adresse un signe de la main auquel je réponds doucement pour me donner une contenance. La mince porte de contreplaqué se referme sur nous. Une minuscule pièce, nos genoux se touchent. Les pupilles brunes. Les paupières lourdes. C'est un vieil homme. Où est le révolutionnaire au béret de Che Guevara ? Le terroriste irréductible ? » Pendant quatre ans, chaque mois, Sophie Bonnet a rendu visite à Ilich Ramírez Sánchez, dit Carlos ou Le Chacal, avec la certitude folle qu’elle parviendrait à raconter l’homme derrière le criminel. Il a tenté de la séduire, de la manipuler. Et puis la relation a évolué. Carlos a parlé. Aujourd’hui, elle sait qui il a été, lui craint qu’elle ne l’abandonne. La vérité est apparue violente et nue : celui qui se rêve toujours en héros magnifique n’a été qu’un mercenaire sanguinaire, à la solde des plus grands tyrans de la fin du XXe siècle. Un récit hors du commun sur la soumission et la déchéance qui est aussi une plongée dans le monde insensé d’une centrale pénitentiaire.

La puissance invaincue des femmes
Tremblez, les sorcières reviennent ! disait un slogan féministe des années 1970. Image repoussoir, représentation misogyne héritée des procès et des bûchers des grandes chasses de la Renaissance, la sorcière peut pourtant, affirme Mona Chollet, servir pour les femmes d'aujourd'hui de figure d'une puissance positive, affranchie de toutes les dominations. Qu'elles vendent des grimoires sur Etsy, postent des photos de leur autel orné de cristaux sur Instagram ou se rassemblent pour jeter des sorts à Donald Trump, les sorcières sont partout. Davantage encore que leurs aînées des années 1970, les féministes actuelles semblent hantées par cette figure. La sorcière est à la fois la victime absolue, celle pour qui on réclame justice, et la rebelle obstinée, insaisissable. Mais qui étaient au juste celles qui, dans l'Europe de la Renaissance, ont été accusées de sorcellerie ? Quels types de femme ces siècles de terreur ont-ils censurés, éliminés, réprimés ? Ce livre en explore trois et examine ce qu'il en reste aujourd'hui, dans nos préjugés et nos représentations : la femme indépendante –; puisque les veuves et les célibataires furent particulièrement visées ; la femme sans enfant –; puisque l'époque des chasses a marqué la fin de la tolérance pour celles qui prétendaient contrôler leur fécondité ; et la femme âgée – devenue, et restée depuis, un objet d'horreur. Enfin, il sera aussi question de la vision du monde que la traque des sorcières a servi à promouvoir, du rapport guerrier qui s'est développé alors tant à l'égard des femmes que de la nature : une double malédiction qui reste à lever.

La Blessure
Le fiancé de Danielle est mort en Algérie. Hantée par ses lettres, elle sombre dans la folie. Son fils, reporter de guerre, se débat avec cet héritage. Un roman brutal écrit dans l'urgence. Grand reporter de guerre, Jean-Baptiste Naudet va affronter la mort en Afghanistan, en Bosnie et au Kosovo. Il plonge dans ces conflits contemporains, les yeux écarquillés par l’horreur, avec le sentiment d’y être poussé par une main implacable. Au fil du temps, hanté par des images dantesques et victime de stress post-traumatique, il échoue dans un service psychiatrique parisien. Il cherche alors le sens de son cheminement tragique. Jean-Baptiste réalise peu à peu qu’il s’est identifié inconsciemment à Robert, le fiancé de sa mère, tué au combat en Algérie. Cette mère, Danielle, que dans son enfance effarée il avait vue sombrer dans la folie. Cette femme hantée par le chagrin et la culpabilité à l’égard du peuple algérien. Pour sauver sa peau, Jean-Baptiste exhume l’histoire de Robert, le chasseur alpin sacrifié. En Savoie, il retrouve sa tombe, rencontre son frère. Puis il se tourne vers son propre père, autrefois meilleur ami de Robert. Celui-ci lui remet les lettres de Danielle et de son fiancé qui restituent un semestre d’amour, de vie au combat, d’attente à Paris et de rage politique. Il lui faut dix années pour parvenir à les lire puis à écrire ce récit souvent apocalyptique. Ce livre choral entrelace les trois vies de Robert, Danielle et Jean-Baptiste, transpercées par une même balle, tirée un jour de juin 1960 quelque part en Kabylie.

Tu t'appelais Maria Schneider
« Tu étais libre et sauvage. D’une beauté à couper le souffle. Tu n’étais plus une enfant, pas encore une adulte quand tu enflammas la pellicule du Dernier Tango à Paris, un huis clos de sexe et de violence avec Marlon Brando. Tu étais ma cousine. J’étais une petite fille et tu étais célèbre. Tu avais eu plusieurs vies déjà et de premières fêlures. Tu avais quitté ta mère à quinze ans pour venir vivre chez mes parents. Ce Tango marquait le début d’une grande carrière, voulais-tu croire. Il fut le linceul de tes rêves. Tu n’étais préparée à rien, ni à la gloire, ni au scandale. Tu as continué à tourner, mais la douleur s’est installée. Cette histoire, nous nous étions dit que nous l’écririons ensemble. Tu es partie et je m’y suis attelée seule, avec mes souvenirs, mes songes et les traces que tu as laissées derrière toi. Ce livre parle beaucoup de toi et un peu de moi. De cinéma, de politique, des années soixante-dix, de notre famille de fous, de drogue et de suicide, de fêtes et de rires éclatants aussi. Il nous embarque à Londres, à Paris, en Californie, à New York et au Brésil. On y croise les nôtres et ceux qui ont compté, Alain Delon, Brigitte Bardot, Patti Smith, Marlon Brandon, Nan Goldin… Ce livre est pour toi, Maria. Je ne sais pas si c’est le récit que tu aurais souhaité, mais c’est le roman que j’ai voulu écrire ».

Berlin 1933
Quand Hitler arrive au pouvoir en janvier 1933, ils sont quelque 200 journalistes occidentaux en poste à Berlin. Très peu d’entre eux seront expulsés. La plupart vont rester dans la capitale du Reich. Américains, Britanniques, Français, tous bons connaisseurs de l’Allemagne et souvent germanophiles, ils travaillent selon les standards démocratiques de la liberté de la presse. Mais leurs interlocuteurs quotidiens s’appellent Goering ou Goebbels. Alors qu’autour d’eux s’abattent bientôt les persécutions sur les Juifs et les opposants, ils se battent pour décrocher une confidence off the record ou la faveur d’une interview du dictateur. Pourquoi n’ont-ils pas alerté le monde sur la folie et la barbarie de l’hitlérisme, pourtant perceptibles dès le début ? L’anticommunisme viscéral de leurs employeurs, un air du temps qui banalise les dictatures, la sidération devant l’énormité sans précédent de ce que voient leurs yeux, et mille autres causes encore : tout se conjugue pour produire un aveuglement médiatique collectif qui ouvrira la voie, à partir de 1941, au déni planétaire de la Shoah. Voici, fondé sur un travail de sources considérable, la chronique passionnante de la vie quotidienne des journalistes occidentaux en poste à Berlin de 1933 à 1941. Un récit hanté de bout en bout par cette question : sommes-nous certains d’être mieux armés aujourd’hui pour rendre compte des catastrophes hors normes, pour nommer le Mal ? Daniel Schneidermann est journaliste, créateur et animateur de l’émission, puis du site, « Arrêt sur images ». Il est par ailleurs l’auteur de plusieurs essais, romans, et récits.